Aux côtés de l’imposant immeuble aux courbes sobres et modernes, les bâtiments en brique rouge, qui abritent derrière leurs murs des outils de production de pointe, ne manquent pas de charme avec leurs allures de fabrique à l’ancienne. Un style contemporain qui ne renie pas le passé. Voilà qui pourrait parfaitement résumer la philosophie du pionnier de l’industrie pharmaceutique danoise, LEO Pharma. « Notre société a connu depuis plus d’un siècle des développements très intéressants. Nous sommes aujourd’hui à un moment-clé de notre histoire pour écrire le chapitre des vingt-cinq prochaines années », détaille le franco-allemand Christophe Bourdon, son PDG, à l’occasion d’une visite de l’usine ce printemps.
Fondé en 1908, à Copenhague, le laboratoire pharmaceutique est une figure emblématique du secteur. Premier à avoir mis sur le marché local un médicament produit à l’échelle industrielle, premier à avoir exporté un produit de santé, premier à avoir commercialisé de l’insuline au Danemark… Une belle carte de visite, qu’il espère désormais compléter d’un nouveau titre : celui de champion mondial de la dermatologie. « Ce secteur, dont les projections de croissance varient entre 10 % et 15 %, reste négligé par les grands laboratoires. Il y a pourtant une multitude de maladies dans ce domaine qui restent sans solutions », observe M. Bourdon.
Pour cela, le danois a accéléré sa mue ces dernières années, et opéré un virage stratégique sur les produits biologiques, en rachetant en 2016 à AstraZeneca les droits sur le tralokinumab, un anticorps monoclonal destiné à traiter les patients atteints de dermatite atopique. Autorisé en Europe en 2021, et un an plus tard aux Etats-Unis, l’Adtralza, qui affiche déjà entre 8 % et 12 % de parts de marché dans les pays où il est commercialisé, vient grignoter les plates-bandes du Dupixent, le produit vedette de Sanofi.
« Investissements colossaux »
Il constitue aussi un tournant dans la stratégie de recherche et développement de LEO Pharma, qui, à l’instar des Big Pharma, met désormais l’accent sur les partenariats en externe pour alimenter son portefeuille de médicaments. Le laboratoire escompte ainsi identifier et développer plus rapidement de nouveaux produits. « L’innovation en dermatologie évolue vite. Nous n’avons pas les ressources pour bâtir une recherche exclusivement en interne. Il a fallu faire des choix », explique M. Bourdon.
Encore en pleine transformation, l’entreprise, qui s’est délestée d’une partie de ses équipes pour réduire ses coûts, affichait des revenus dans le rouge en 2022. Mais, au siège du laboratoire, installé dans la zone industrielle de Ballerup, située à une quinzaine de kilomètres de Copenhague, le patron du laboratoire nordique reste confiant. « Notre transformation a nécessité des investissements colossaux ces dernières années, mais nous devrions repasser dans le vert en 2023 », note-t-il.
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