La France insoumise (LFI) s’est retrouvée isolée, samedi 7 octobre, au moment de réagir sur les attaques massives du Hamas en Israël, qui ont fait de nombreux morts civils. « L’offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est », a ainsi affirmé dans un communiqué le groupe parlementaire du mouvement.
En décalage avec le reste de la classe politique française qui a largement condamné l’assaut sur l’Etat hébreu, LFI est accusée de trouver des justifications à l’attaque en dénonçant d’une même voix le mouvement islamiste et la colonisation israélienne. Le leader du parti, Jean-Luc Mélenchon, a ainsi évité soigneusement de prendre parti en expliquant que « toute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza ne prouve qu’une chose : la violence ne produit et ne reproduit qu’elle-même ». « Horrifiés, nos pensées et notre compassion vont à toutes les populations désemparées victimes de tout cela. Le cessez-le-feu doit s’imposer », a-t-il ajouté sur la plate-forme X (anciennement Twitter).
« A l’extrême gauche, la violence verbale est assumée, la recherche du chaos revendiquée », a déclaré en réaction, lors d’un déplacement à Bordeaux, dimanche, la première ministre, Elisabeth Borne. Devant les militants du parti présidentiel français Renaissance, Mme Borne a fustigé « les ambiguïtés révoltantes face au drame de ces dernières heures ».
« Les positions de la France insoumise sont bien connues, avec beaucoup d’ambiguïté, avec de l’antisionisme, donc en effet, c’est parfois une façon aussi de masquer une sorte d’antisémitisme », a déclaré Elisabeth Borne après sa première prise de parole, lors d’un entretien accordé à BFM-TV. « L’antisionisme serait selon vous une sorte de faux nez de l’antisémitisme dans certaines formations politiques ? », lui a répondu le journaliste Benjamin Duhamel. « Chez certains, dans certaines formations, oui », a dit Mme Borne.
Colère à gauche
Ces déclarations de LFI ont suscité la colère d’élus socialistes, alliés du parti de Jean-Luc Mélenchon au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).
« Les juifs sont toujours responsables de ce qui leur arrive. C’est une constante du discours antisémite », a ainsi répondu la sénatrice socialiste Laurence Rossignol à Louis Boyard.Le député LFI avait écrit sur x (anciennement Twitter) : « Trop longtemps que la France ferme les yeux sur la colonisation et les exactions en Palestine. Trop longtemps que la France renvoie dos à dos la violence de l’Etat israélien et celle de groupes armés palestiniens. »
« Aux idiots utiles des terroristes du Hamas qui les exonèrent en relativisant, au nom de l’impasse politique du conflit israélo-palestinien, de la poursuite de la colonisation, de Nétanyahou… vous me dégoûtez. Qu’on en trouve à gauche est insupportable », s’est emporté le député socialiste Jérôme Guedj.
Le président de la Cour des comptes et ex-ministre socialiste, Pierre Moscovici, est sorti de sa réserve pour juger « aussi choquant que désespérant » le positionnement de LFI. Le maire de Reims, Arnaud Robinet, membre du parti d’Edouard Philippe Horizons, a pour sa part demandé « la levée de l’immunité parlementaire » des députés insoumis qui « ont franchi la ligne rouge ».
« Honte à LFI qui renvoie dos à dos une démocratie attaquée et un régime terroriste assassin. Cette mise en équivalence est de fait une légitimation du terrorisme du Hamas », a dénoncé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi.
Une plainte pour apologie du terrorisme contre le NPA
Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Philippe Poutou, qui a récemment proposé à LFI de mener une liste commune aux prochaines élections européennes, s’est quant à lui inscrit à contre-courant de la classe politique et a apporté « son soutien aux Palestiniens et aux moyens de lutte qu’ils ont choisis pour résister ». L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a annoncé samedi soir son intention de porter plainte contre le parti d’extrême gauche pour apologie du terrorisme. « Je ne vais pas faire le travail de la justice à la place de la justice, mais l’apologie du terrorisme est pénalement répréhensible », a commenté à ce sujet la première ministre, Elisabeth Borne, sur BFM-TV, dimanche.
Parmi les insoumis, le député François Ruffin, l’un des candidats potentiels à la présidentielle de 2027, s’est distingué de ses camarades de parti en exprimant « une condamnation totale de l’attaque du Hamas ». Toujours à gauche, les socialistes et les écologistes ont clairement dénoncé les attaques du Hamas, tout comme la droite et l’extrême droite. Pour le leader du parti communiste, Fabien Roussel, les attaques du Hamas sont « inacceptables et injustifiables ». Mais il appelle à « se défaire d’une indignation sélective » et estime que le gouvernement israélien « a lourdement contribué à cet engrenage ».
« Les frappes du groupe terroriste du Hamas contre le territoire israélien sont un acte de guerre inacceptable qui éloigne chaque jour un peu plus tout espoir de paix. Dans ces heures difficiles, nous sommes plus que jamais aux côtés de la démocratie israélienne », a de son côté écrit sur X Marine Le Pen, la cheffe de file des députés du Rassemblement national.
L’exécutif français a de son côté condamné « avec la plus grande fermeté » les attaques du Hamas, le ministère des affaires étrangères, Emmanuel Macron puis la première ministre Elisabeth Borne prenant position dans des termes similaires.