Pour la Chine, les coups d’Etat en Afrique ont un bon et un mauvais côté. Le bon côté est qu’ils mettent en lumière les limites de la démocratie « à l’occidentale » fondée sur des élections au suffrage universel et permettent, par ricochet, de critiquer le rôle des anciennes puissances coloniales. Le mauvais est qu’ils déstabilisent les pays concernés, y rendent les investissements plus risqués et, in fine, nuisent à ses propres intérêts économiques. Mais, globalement, durant ces périodes de crise, « la Chine fait profil bas, même quand elle pourrait avoir les moyens d’exercer une certaine influence », témoigne un diplomate français présent dans un des pays concernés.
Selon lui, « c’est à tort que l’on rapproche en Occident le rôle des Chinois de celui des Russes. En Afrique, les premiers misent sur la stabilité du continent dont ils sont devenus le principal bailleur de fonds [au niveau bilatéral] et les seconds cherchent au contraire à le déstabiliser pour des raisons à la fois stratégiques et d’intérêt financier à court terme », poursuit-il. « Au Conseil de sécurité de l’ONU [Organisation des Nations unies], la Russie vient de mettre son veto à une résolution prolongeant les sanctions contre la junte au Mali, alors que la Chine s’est abstenue », remarque-t-il.
Hasard du calendrier, le coup d’Etat au Gabon est intervenu au moment même où la Chine organise à Pékin durant six jours, du lundi 28 août au samedi 2 septembre, le 3e Forum sino-africain pour la paix et la sécurité. Une rencontre qui, selon les Chinois, rassemble « plus de cent représentants de l’Union africaine et près de cinquante pays africains ».
Relations économiques asymétriques
Mardi, le ministre de la défense chinois, Li Shangfu, a affirmé que « la tradition de s’aider mutuellement ne change pas » et a même appelé à « renforcer la coopération » entre la Chine et l’Afrique. Selon l’agence de presse Chine nouvelle, le ministre a « notamment » eu des entretiens avec des « responsables de la défense » du Sénégal, des Comores, de la République du Congo, du Cameroun, du Ghana, de la Zambie, du Sud-Soudan, de la Gambie, de la Mauritanie et de l’Ouganda.
Si, à la différence de la Russie, la Chine n’envoie pas de mercenaires en Afrique et si elle évite de se trouver militairement impliquée dans des conflits locaux, elle a de nombreux accords de coopération avec la plupart des pays africains à qui elle vend du matériel militaire et technologique. Principaux axes d’intervention : le maintien de la paix, l’antiterrorisme, la lutte contre la piraterie, l’aide humanitaire et la formation militaire. Autant de domaines désormais intégrés aux « nouvelles routes de la soie », le grand programme d’investissements internationaux lancé en 2013 par Xi Jinping.
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