Au Gabon, des intérêts français concentrés dans le secteur minier avec Eramet

Longtemps symbole de la « Françafrique », le Gabon, théâtre d’une tentative de coup d’Etat depuis mercredi 30 août, n’a pas le poids économique de sa réputation politique. Ce pays de 2,4 millions d’habitants a une place modeste dans les échanges commerciaux avec la France, même si quelques grandes entreprises y ont des activités et des intérêts depuis plusieurs décennies, comme la compagnie pétrolière TotalEnergies et le groupe minier Eramet.

TotalEnergies assure que sa « priorité » est d’« assurer la sécurité de ses employés et de ses opérations ». Le groupe ne compte que 350 salariés au Gabon. A travers sa filiale cotée TotalEnergies EP Gabon, il extrait 17 000 barils par jour, loin derrière le Nigeria (204 000) et même le Congo-Brazzaville. Il exploite par ailleurs 45 stations-service, soit une très faible part des 4 700 stations qu’il possède sur le continent.

TotalEnergies n’est pas le seul pétrolier français au Gabon. Des compagnies comme Maurel & Prom ou Perenco rachètent des gisements en phase avancée de déplétion (épuisement) et poursuivent la production d’or noir abandonnée par les majors, essentiellement TotalEnergies et l’anglo-néerlandais Shell. Maurel & Prom a ainsi annoncé, mi-août, le rachat à la société d’investissement Carlyle du pétrolier Assala Energy, actif au Gabon, pour 730 millions de dollars. Il affirme poursuivre son activité.

La plus stratégique

Mais Eramet, spécialisée dans l’extraction et l’exportation du manganèse et du nickel, reste la société française la plus stratégique, donc la plus exposée. Le groupe emploie 8 000 salariés en direct ou en sous-traitance – à 98 % des Gabonais, précise une porte-parole. Après avoir suspendu ses activités dans la matinée du mercredi 30 août, la société a annoncé leur reprise progressive en fin d’après-midi. Le transport des minerais, assuré par sa filiale Setrag, qui exploite le chemin de fer transgabonais traversant le pays d’est en ouest, devait reprendre dans la soirée, et la production, jeudi matin.

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La dégradation subite de la situation politique au Gabon est une mauvaise nouvelle pour Eramet au moment où les cours du manganèse et du nickel restent déprimés. Après avoir beaucoup investi au cours des dernières années, sa filiale Comilog assure désormais 90 % de la production de manganèse du pays grâce aux mines de Moanda, les plus importantes au monde. Cet effort a fait du Gabon le deuxième producteur mondial de ce minerai brut, essentiel dans les alliages, notamment pour l’acier, et de plus en plus utilisé pour les batteries de véhicules électriques. Au point que la Commission européenne l’a classé dans les vingt-trois matières premières critiques pour la transition énergétique.

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