Au salon Milipol, le marché de la sécurité surfe sur le chaos du monde

Dopé par le retour d’une conflictualité de haute intensité de l’Ukraine à Israël, la persistance du risque terroriste et le retour de la menace nucléaire, le secteur de la sécurité ne connaît pas la crise. L’édition 2023 du salon Milipol, qui s’est déroulée du 14 au 17 novembre à Villepinte (Seine-Saint-Denis), a confirmé l’excellente tenue d’un secteur économique connaissant, signe des temps, une croissance de 4,5 % en 2022, pour un marché estimé à 669 milliards d’euros la même année.

Parmi les marchés les plus porteurs, celui des drones enregistre, d’après les organisateurs du salon, « des progressions extrêmement rapides (…), jusqu’à 40 % dans certains pays, avec une croissance moyenne de l’ordre de 25 % ». En France, le marché des drones de surveillance a vu son chiffre d’affaires passer, d’après la publication spécialisée En toute sécurité, de 42 millions d’euros en 2016 à 106 millions d’euros en 2022.

« Nous traversons une phase d’hypercroissance, de l’ordre de 30 % d’une année sur l’autre », assure Emmanuel Nabet, directeur commercial de Cerbair, une entreprise spécialisée dans la détection de drones malveillants, qui a remporté l’un des marchés lancés pour sécuriser les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024. Même Axon, le géant américain des pistolets à impulsion électrique (Taser), a diversifié son activité en rachetant, en juillet, la société belge Sky-Hero, spécialisée dans les drones tactiques – pour un montant non communiqué. « Nous souhaitons offrir un écosystème complet à nos clients, qui réclament davantage de vidéo, y compris dans la troisième dimension », résume Cathy Robin, la directrice générale pour l’Europe de la firme.

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« Ne pas être présent à Milipol, c’est être invisible »

Textiles « intelligents » ou « solutions de cybersécurité », tous les compartiments d’activité, y compris les moins attendus, profitent de l’embellie. Avec ses plaies par balle et ses simulations d’hémorragie plus vraies que nature, le mannequin animé de Skills Meducation n’est plus seulement destiné à former les soignants du secteur civil. « On pense sans trop se tromper, estime Antoine Briotet, gestionnaire de comptes de la société, que le business sera tiré par le militaire et la sécurité. »

La croissance est si rapide que « cela nécessite d’adapter la fabrication pour pouvoir répondre à la demande », explique, de son côté, Marc Guérin, chargé du développement de Mirion Technologies, qui conçoit et commercialise des équipements de détection et de mesure de la radioactivité. L’entreprise recrute « à tous les niveaux de la chaîne, depuis le monteur-câbleur jusqu’à l’ingénieur », et nourrit même le projet d’une « université Mirion », en partenariat avec des établissements d’enseignement supérieur pour « recruter à la base », parmi les étudiants.

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