Une opération antiterroriste conjointe visant des milieux d’extrême droite ultra a été menée jeudi 9 novembre dans six pays européens (la Belgique, la Croatie, l’Italie, la Lituanie, les Pays-Bas et la Roumanie) avec le soutien d’Europol et d’Eurojust. Selon des informations diffusées vendredi, cinq suspects ont été arrêtés et sept autres interrogés au cours d’interventions qui ont permis de mettre la main sur des armes, du matériel à caractère nazi et des données informatiques. Les militants auraient nourri des projets terroristes.
Ils étaient membres d’un groupe baptisé « The Base », une allusion à leur apparente volonté de créer des réseaux semblables à ceux d’Al-Qaida, qui signifie « La base » en arabe. Selon Europol et le parquet fédéral belge, plusieurs plates-formes cryptées en ligne appelaient activement à commettre des actes terroristes et à partager des modes d’emploi d’armes à feu imprimées en 3D. Des membres du groupe avaient aussi rédigé un manifeste. « En dépit du jeune âge de certains suspects, il existait des indications quant à un risque élevé d’un prochain passage à l’action de certains d’entre eux », a précisé le communiqué d’Europol.
Selon le parquet fédéral belge, le dossier a été ouvert en mai par la division antiterroriste de la police judiciaire d’Anvers. Des informations ont été transmises, en juillet, à l’office européen de coopération judiciaire et deux réunions de coordination ont été organisées en vue d’une action simultanée des différentes polices nationales. Un commandement opérationnel avait été établi au quartier général d’Europol, à La Haye.
Drapeaux nazis et croix gammées
Lors de perquisitions menées en Belgique, à Ostende, en Flandre-Occidentale, et à Diepenbeek, dans la province du Limbourg, deux personnes âgées de 23 et 21 ans ont été appréhendées. Des drapeaux nazis et des croix gammées ont été trouvés chez l’une d’entre elles, ainsi que du matériel pouvant servir à fabriquer, entre autres, des bombes artisanales et des cocktails Molotov. L’un des suspects, repéré antérieurement pour avoir diffusé des photos de soldats nazis et pour ses sympathies à l’égard d’une milice nationaliste flamande, a, « en qualité de dirigeant », diffusé un message à caractère terroriste et tenté de recruter en vue de commettre un attentat, selon le parquet fédéral. Il a été mis en examen. En Croatie, la direction de la police a fait savoir que deux suspects arrêtés étaient mineurs.
Dans un rapport sur les menaces djihadiste et extrémiste de droite publié en 2022, Europol soulignait que l’instabilité politique dans plusieurs pays européens, la question des inégalités sociales et celle de la guerre en Ukraine, ainsi que le thème de la migration, risquaient d’accentuer une menace terroriste d’extrême droite. S’y ajoute désormais la guerre entre Israël et le Hamas, selon un spécialiste de l’office policier européen, des individus radicalisés rejoignant les camps qui s’affrontent violemment sur les réseaux sociaux.
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